Les Châteaux de l'Escapade au Piémont 2022 - I

est situé à Racconigi dans la province de Cuneo, non loin de Turin. Il fait partie des Résidences de la Maison de Savoie inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO et était la résidence officielle de la Branche de Savoie-Carignan.

Il se présente comme un imposant palais en briques rouges et toit de pagodes à plusieurs pavillons.

Demeure préférée de Carlo Alberto de Savoie ainsi que de tous les rois d'Italie de la dynastie des Savoie, elle est aujourd'hui un pôle culturel et muséal.

Histoire

Les premières mentions concernant ce château remontent à l'an 1000 lorsque Bernardin de Suze reconstruisit un ancien manoir avant de le laisser, à sa mort, à des pères cisterciens.

Au XIIIème siècle, Racconigi devient la propriété des Marquis de Saluzzo, puis des Falletti, puis des Acaja et, à nouveau, des Saluzzo.

Dans la seconde moitié du XVIème siècle, Racconigi entre dans les domaines de Savoie et, en 1620, le duc Carlo Emanuele I de Savoie l'offre à son fils Tommaso Francesco de Savoie (fondateur des Savoie-Carignan). Au cours de ces années, le château est une haute forteresse de briques carrées, avec quatre tours angulaires, fossé, pont-levis et un haut donjon latéral.

Le fils de Tommaso, Emanuele Filiberto, a commandé à Guarino Guarini la transformation complète de la forteresse en palais de loisirs. Il éleva, occupant la cour, un grand corps central à toit de pagode. En outre, à la place des deux tours angulaires de la façade nord, il développa deux grands pavillons de quatre étages avec un toit de dôme et des lanternes en marbre blanc.

Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, un autre Carignan, Ludovico Luigi Vittorio, commanda une réfection de l'intérieur, éleva les deux tours de la façade au sud, les recouvrant de stuc et de décorations néoclassiques ainsi que l'entrée, avec 4 colonnes corinthiennes et un triangle. Il conçut également l'escalier à rampes brisées de la façade nord.

Le dernier prince de Carignan (plus tard roi de Sardaigne) Carlo Alberto a jugé nécessaire d'agrandir et d'embellir davantage le château qui devait représenter la grandeur du royaume de Savoie. Il confie les travaux à l'architecte de la cour Ernesto Melano. Il éleva l'ancienne structure carrée autour du corps central, construisit deux bras latéraux (se terminant par deux petits pavillons à pagodes) reliés en C aux pavillons de la façade nord. Il construisit également un grand escalier sur la façade sud.

Délaissé par les successeurs de Carlo Alberto avec l'avènement au trône du roi Vittorio Emanuele III en juillet 1900, le château redevient le lieu des vacances royales d'été à partir de juillet 1901. Toujours apprécié par les souverains de Savoie, en 1904 naquit dans les appartements du deuxième étage le dernier roi d'Italie, Umberto II, qui le reçut comme cadeau de mariage en 1930 et qui rassembla la galerie des portraits de famille (environ 3000 tableaux) ainsi que la documentation sur le Saint Suaire. Parmi les portraits de famille figurent ceux des plus nobles dynasties de l'Italie comme les Armagnac, les Carmagnola, les Agliè, les Calvi, les Valois et les Cicogna.

A la suite du référendum par lequel les bien du roi ont été réclamés par l'Etat, les princesses Jolanda, Giovanna et les héritiers de la reine Mafalda, déjà décédée, ont intenté un procès sur l'illégitimité de la donation de 1930. La Cour de Cassation a fait droit à ce recours en décrétant que seul un cinquième du palais était confiscable, mais que le droit de préemption était garanti à l'Etat Italien en cas de vente à des particuliers. En «échangeant» ce cinquième contre un service d'argenterie du Quirinal, la famille royale réussit à conserver la propriété du palais.

En 1980, après 46 ans d'exil, le désormais ancien roi Umberto II se convainquit, sûr de ne plus pouvoir en profiter, de vendre le château à l'Etat Italien. Le seul souhait que l'ancien souverain ait formulé comme condition à la vente était que le château puisse devenir un centre d'études dynastiques sur les Savoie.

Maintenant, le château qui a toujours été utilisé jusqu'en 1946, est largement visitable et fait l'objet de légères restaurations, compréhensibles après les années d'abandon.

Le Parc

Le château fait face au nord à un imposant parc d'environ 180 hectares, projeté au XVIIème siècle sur les plans envoyés par André Le Notre dans le style «à la française», c'est-à-dire constitué de longues avenues, bassins d'eau et parterres fleuris. Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, l'architecte Pelagio Palagi réalisa de petites architectures comme le petit temple dorique au bord du lac, la datcha ruse (construite en l'honneur du tsar Nicolas II de Russie en visite au Piémont) et la fagianaia (centre d'élevage de faisans).

Un autre bâtiment important est l'église gothique, chère à la grand-mère de Carlo Alberto, Joséphine de Lorraine. Le complexe rural de la Margaria, conçu en style néo-gothique par Palagi, précurseur des fermes biologiques modernes, est d'une grande valeur. On trouve également une grande serre avec un système de chauffage de pointe pour l'époque de sa construction. En 1876, Carlo Alberto appela le prussien Xavier Kurten pour réformer le lac, les cours d'eau, les collines et les rangées d'arbres selon le style romantique en vogue au XIXème siècle, tels qu'on peut les voir actuellement.

Pendant l'exil, le parc a également été abandonné et ce n'est qu'en 1980, avec l'achat par l'Etat Italien, que des études ont commencé. Par la suite, en 1997, furent trouvées les possibilités économiques nécessaires pour débuter les travaux de récupération des sentiers abandonnés, des cours d'eau et du lac majestueux. Récemment on a pensé à repeupler l'immense parc avec des animaux qui l'habitaient depuis l'époque de Carlo Alberto afin de retrouver non seulement son ancienne splendeur mais aussi de le rendre «vivant».